La femme adultère

ALBERT CAMUS
Au milieu de l’escalier, la brûlure de l’air dans ses poumons devint si coupante qu’elle voulut s’arrêter.
Un dernier élan la jeta malgré elle sur la terrasse, contre le parapet glacé qui lui pressait maintenant le ventre.

METAPHORE
En grimpant, à la moitié de sa fuite, ses poumons tels des forges prêtes à exploser, elle pensa à tout cesser.
Son ultime effort la jeta sur la scène de sa vie, collée au parapet glacé comme pour freiner son envie.

SURPRISE
C’est en montant hors d’haleine l’escalier qu’elle pris conscience de son envie et désira s’arrêter.
Le hasard la mena sur la terrasse et c’est le parapet contre son ventre qui la calma.

HESITATION
Où cela se passait-il ? Au travail ? Dans le métro ? Dans ce bar sinistre ?
Il y avait là … ce tapis, non, cet escalier où j’avais mal,
mal au coeur, hors d’haleine, ou la tête si perdue que je pensais m’arrêter,
au bord de ce précipice, peut-être une terrasse et ils étaient tous présents
me pressant fort ou m’embrassant, non ce n’était que le froid muret contre mon ventre.

PRECISION
A minuit moins douze je montais l’escalier,
il ne fallut que huit secondes pour que mes poumons crient leur douleur
et une demi-seconde pendant laquelle j’imaginais m’arrêter.
Un dernier effort de quelques instants me permettait d’accéder à la terrasse.
Le plus étonnant, c’est qu’il était minuit et quart lorsque je pris conscience du parapet glacé contre mon ventre.

DISTINGUO
Dans un escalier (ce n’était pas dans l’allier et je ne suis pas folle à lier)
que je montais (pas à cheval) en me précipitant (pas si près si piqua)
vers la terrasse (pas comme une poufiasse)
et c’est tout contre le garde-corps (pas le corps de garde)
que je sentis mon ventre chaud (pas glacé).

OFFICIEL
J’ai l’honneur de vous informer des faits suivants :
Cette nuit même, dans l’escalier qui mène au rempart de la casbah
j’ai observé vers minuit une femme qui montait seule et comme affolée jusqu’à la première terrasse.
Elle observa longuement les tentes du village nomade, pleura plaintivement
et repassa devant moi en disant : « ce n’est rien mon chéri, ce n’est rien ».
Je vous prie, Monsieur, de m’indiquer les conséquences de ces faits
et l’attitude qu’il serait bon de prendre en de pareilles circonstances.

ONOMATOPEES
En montant l’escalier (tac tac tac tac) jusqu’à la limite de ses poumons (tchouc tchouc tchouc)
(variante : teuf teuf),
une femme atteint la limite de sa volonté (stop).
Un dernier élan la jeta contre le parapet glacé (klong !) où son ventre se colla (gla gla gla).

ANALYSE
Alors l’escalier (c’est le premier lieu) ou une femme montait (c’est le sens), minuit environ (c’est le temps).
Sur la terrasse (deuxième lieu) elle ne fit rien (c’est l’action).
Puis elle plaça son ventre contre le parapet glacé (c’est la suggestion).

IGNORANCE
J’i rien vu.
Une femme ? I fisi nuit et pi ça courrait.
Dans l’escalier ? Sirement, ji crois jisqu’à la terrasse.
Ce que ça a fait ?
Collée au parapet.
Glacée ? Bien sir glacée !!! Li vent vient di désert en janvier, tout i glacé.

GUSTATIF
Ils ont eu le bon goût de faire cet escalier qui monte sur les murailles,
je mange les marches quatre à quatre jusqu’à ce que mes poumons exhalent comme une cocotte,
sur la terrasse monte une odeur d’agneau brûlé,
je me colle au parapet, aimantée comme une nougatine glacée
pour ingurgiter par mon ventre toutes les terreurs de la solitude.

TELEGRAPHIQUE
RUES DESERTES DANS LA CASBAH STOP
ESCALIER INFRANCHISSABLE D’UNE SEULE TRAITE STOP
TERRASSE VENTEE VERS L’ETOILE DU SUD STOP
TETE QUI TOURNE STOP
ACCROCHEE AU PARAPET VISION DE LA LIBERTE STOP
MON VENTRE MON VENTRE MON VENTRE
SIGNE JANINE

TANKA
Son ventre trop lourd
ah – comment gravir les marches
tombe anéantie

elle gémit : ce n’est rien
courage invincible

Terrasse vers Telouet

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5 réponses à La femme adultère

  1. adeline dit :

    j’avais écrit des haïku n en lisant l’étranger…
    inspirée surtout par la mort de la mère 🙂

    je chercherai et les mettrai sur mon blog
    je vais tenter le tanka dès que possible .

  2. maisoublanco dit :

    Merci Adeline, car c’est infini que je voulais mettre.

  3. maisoublanco dit :

    Merci à Adeline pour le TANKA final.

  4. adeline dit :

    Merci de l’avoir gardé je pensais réfléchir encore et tenter mieux
    l’expérience me plaisait

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