Périgord, terre de l’étrange dès que l’étrange est amusant.
J’appelle l’hôtel de Londres à Monpazier pour savoir si CORUPSIS existe toujours . (COmité pour la Réhabilitation et l’Usage du Passé Simple et de l’Imparfait du Subjonctif).
La réponse a un accent anglais, le propriétaire a changé, et l’hôtel de Londres ne s’appelle plus comme cela.
Autrefois, partie indispensable de mon circuit des originaux, j’amenais mes amis de passage chez CORUPSIS, ils lisaient les 2 énormes livres de presse, Alain Boussière servait les bières avec des commentaires toujours enflammés et nous rigolions pendant un bon moment.
Et là, montrant que galéjade, tolérance et humour n’ont pas de patrie, nous lisions :
– des japonais scandalisés par la disparition de la partie la plus noble de notre conjugaison,
– et puis des anglais terrorisés par cette perte : Non à l’article félon du 26 février 1901, décidé dans l’ombre, décret assassin, qui accepta le subjonctif présent au lieu de l’imparfait consacré par les ans.
– et des français qui déclinaient leur avis pour ou contre : Je viens de découvrir votre intérêt pour l’imparfait du subjonctif. Je vous signale que j’ai dû abandonner cet usage le jour où voulant dire « Certes, vous pourrez le faire, mais pour que j’en prenne possession, il aurait fallu le concevoir » … (mon vis-à-vis se précipitant plutôt que réfléchissant) … J’ai dit : « Certes, vous le pûtes, mais pour que je le reçusse, encore eut-il fallu que vous le conçussiez » … Avouez que ce n’est pas convenable !
On lisait aussi le set de table :
– Vous vous assîtes, vous commandâtes. Pour tromper l’attente, il faudrait que vous lussiez ce qui est écrit céans !
– Allô, Docteur ! Ma femme est clouée au lit… Je voudrais que vous la vissiez.
– Nourrir pour la langue une vraie passion. Rétablir ses usages, telle est notre mission : Ne serait-il pas bon, qu’unis, nous vainquissions ? (T. Chevrier).
– Dieu est parfait et notre subjonctif est imparfait. Unissons-nous !
Comme il le disait lui-même, le patron n’était ni vengeur ni acariâtre. Si on lui demandait un gin-fizz dans la langue des Monty Python, il proposait : « Il serait temps que nous trinkassions un petit apéro, avant que nous n’eatassions la suite. » … et c’était Ricard pour les habitués.
CORUPSIS n’existe plus mais je vous rassure, car heureusement le combat du futile continue en Périgord sous les formes les plus variées.