Lors de la visite de je ne sais quel scientifique de renom, le pape Pie XII, l’oeil malin, lui mit la main sur un genou et dit :
« On est bien d’accord ? Avant le BIG BANG c’est vous … après, c’est nous. »
Le nihilisme commence là où cesse la volonté de se tromper soit-même a dit Roland JACCARD.
Et Thomas BERNHARD explique ce que c’est :
« Continuellement, nous corrigeons et nous nous corrigeons nous-même, sans le moindre ménagement …
parce qu’à chaque instant, nous nous apercevons que ce que nous avons accompli (écrit, fait, pensé,…) a été faux.
Mais la correction proprement dite (le suicide), nous la faisons traîner en longueur. »
Sujet de différence entre un philosophe et un nihiliste, ce dernier dira : « au moment où notre bêche heurte le roc de l’injustifiable,
il est inutile de creuser d’avantage. »
Comme là n’est pas le sujet, concluons brièvement sur ces grandes différences :
1) Le nihilisme est comme l’ennui ou la mort : notre horizon indépassable.
2) L’absurde surmonté : C’est justement son absurdité qui donne son piquant à la vie – le reste n’est que manque de curiosité et lâcheté affligeante alors que nous avons tout pouvoir.
3) L’homme révolté : « Je ne puis concevoir qu’une métaphysique sceptique s’allie à une morale du renoncement.
Vivre, c’est faire vivre l’absurde. Il importe de ne pas se jeter à corps perdu dans la mort, mais de mourir irréconcilié, à jamais révolté.
L’homme tragique n’abdique pas. »
Toutefois, et bien que l’on refuse le statut de philosophie au nihilisme,
il est amusant de constater que nihilistes et philosophes subissent une même influence humaine :
celle du caractère de l’individu qui expose l’insurpassable dans un cas et celui qui décrit ses concepts (le sens) dans l’autre.
Ainsi nous placerons dans les nihilistes :
TROTSKY : « De toutes les révolutions, la plus improbable, la plus inattendue et pourtant la seule à s’accomplir, c’est la vieillesse. »
BRAM VAN VELDE : « Quand le pire a été évité, c’est certainement faux quelque part. »
OSCAR WILDE : « Je ne suis pas cynique, j’ai seulement de l’expérience. »
SCHOPENHAUER : « Lorsqu’on croise quelqu’un on ne devrait pas lui dire Monsieur, mais le saluer comme un compagnon de souffrance – et si une partie
de l’humanité geint, l’autre ne se trémousse que pour tromper le mal qui la ronge : l’ennui. »
NIETZSCHE : « l’existence et le monde sont des phénomènes esthétiques. »
KLIMA : « quiconque n’est pas un sceptique absolu est un salaud absolu. »
WOLFSON : « Euthanasie, oui, mais planétaire. »
BAUDELAIRE : « Quoi ! Jamais vous n’avez eu l’envie de vous en aller , rien que pour changer de spectacle ! »
AMIEL : « L’existence est un roman de la désillusion tiré à des millions d’exemplaires. J’ai fait des bulles de savon la moitié de la journée. »
BÖRNE : « La sincérité est la source de tout génie, et les hommes seraient plus intelligents s’ils étaient plus moraux. »
SCHNITZLER : « Que nous soyons amenés à nier l’existence de dieu … voilà qui devrait nous inciter à une certaine réserve … »
FREUD : « Je ne puis être optimiste et je crois que je ne diffère des pessimistes que sur un point :
ce qui est méchant, stupide ou insensé ne peut me décontenancer parce que je l’ai admis dès le départ comme partie intégrante du monde. »
CIORAN : « La mélancolie n’est pas le malheur, mais le sentiment du malheur,
sentiment qui n’a rien à voir avec ce qu’on affronte, puisqu’on l’éprouverait au coeur même du paradis. »
Tous ont décrit le monde nihiliste selon leur caractère :
– Frivole
– Dandy
– Geignard
– Contemplatif
– Héroïque
– Révolté
– Détective des détails
Mais c’est avec une grande délectation que l’on peut observer leur humour … celui-là même qui leur évita la mort immédiate.
Laissons à FREUD le mot de la fin :
« Quand la chute est fatale, le seul recours que nous puissions réclamer de la psychanalyse,
c’est qu’elle nous évite de nous suicider pour de mauvaises raisons. »
Comment métamorphoser nos défaites en victoires ?
Par la jouissance supérieure de l’humour.