Il y a des gens qui, lorsqu’ils se réveillent le matin, ressentent que leur droit de promenade est terminé.
Ils retournent à leur cellule, refusant le fait du vivant : aujourd’hui est différent d’hier.
Les animaux, eux, ne croient qu’en leurs sensations et ne sont pas dupes
… sauf le chien peut-être qui s’est perverti dans la symbiose et qui s’est perdu.
Il y a des gens qui voient chaque visage comme celui qu’ils ont vu la veille.
Ils regardent leur chat qui redécouvre prudemment la même petite pelouse
et concluent que les animaux sont limités,
qu’ils n’ont pas la conscience que c’est la même pelouse.
Toujours ils seront les enfants de leurs parents,
toujours ils seront ceux qui ont raté ou réussi,
toujours ils seront esclaves de ce qui les rassure.
Il y a des gens qui détestent la vie par timidité
et refusent la mort avec fascination.
Il y a des gens, et pas qu’au Tibet, qui pensent que la plus grande vérité est le plus grand oubli.
Il y a des gens qui étouffent dans leur vie et savent que l’air leur manquera toujours,
il y a des gens qui ont du bronze dans leurs veines et qui, entourés d’écritures étranges et incompréhensibles,
posent sur un socle de pierre dans leur hangar familier,
c’est ça,
c’est la monotonie de soi-même.