Un an à Imouzer du Kandar – Histoire 17

Je n’aime pas les coiffeurs bavards.

Ici à présent, je connais tout le monde.
De tous, le plus étrange … c’est Kader. Il me loue une chambre au dessus de son épicerie/coiffure/internet.

La préface de la personnalité de Kader n’est pas son silence ni son absence de sourire.
Ce qui surprend, c’est sa démarche. On dirait qu’il appuie ses pieds sur la terre avec la délicatesse infinie d’un chat perdu dans les objets rares.
Et cette caractéristique fait supposer aux autres que tout événement exceptionnel verra la métamorphose de Kader, qu’il sera présent et fort en toutes circonstances, qu’il sera le chef.

Tout le monde l’admire et le respecte sauf moi qui le plaint.
Son temps n’est pas venu, il ne viendra sans doute jamais car Kader a la tête aussi délicate que ses pieds.

Alors, perdus dans le grand Kandar, nous marchons sur cette terre vide et libre pour retrouver le temps d’avant les champs de céréales et d’avant l’industrie,
le temps où l’homme ne produisait que ce que ses deux mains pouvaient produire sans l’aide d’autrui,
le temps de l’égalité, du respect, de la non exploitation,
un temps béni sans coiffeur bavard.

Rif

Rif

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