Madone du silence

Hommage à Bernardo Soares, employé de bureau rue des Douradores

Madone, quelle façon de voir est donc la façon dont je te vois ?

Dame des heures qui passent,
Madone des eaux dormantes et des algues mortes,
Déesse tutélaire des vastes déserts,
Des paysages noirs aux rochers stériles,
garde moi de la gaîté et du bonheur.

Consolatrice de ceux-là, inconsolables,
Larmes de ceux qui ne pleurent plus,
Cymbale d’extrême-onction,
Vitrail de l’éloignement et de la solitude,
garde moi de l’espoir.

Huile sainte des heures passées à rêver,
Colombe morte dans l’ombre,
Lys se fanant à la tombée du jour,
Coffret perdu de roses flétries,
garde moi du désir de vivre.

Vierge éternelle d’avant les dieux,
Inféconde de tous les mondes,
Rendant stériles toutes les âmes,
A toi sont offerts les êtres et les jours,
garde moi d’un simple regard sur ce village perdu
et sur la faux dans le dos de son dernier habitant.

Yeba (Vallée de Vio – Sobrarbe-Aragon)

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