IMOUZER DU KANDAR – Histoire 43
15h … La sieste. Je dors encore car il fait trop chaud pour vivre.
Songe incorporel dans une torpeur pas tout à fait lucide mais pleine de bonheur par l’oubli du temps qui passe et la facile flottaison des songes.
Le vent miracle, plein d’ombres et de confusions frémissantes, s’amuse avec le velours rouge des tentures en apportant le vrai plaisir du Sud…avoir le temps d’attendre.
Je sais que tout est là dehors à m’attendre dans l’infini des siècles _ alors, inutilement je pense à la fraîcheur du dallage marocain lorsque mes pieds l’apprécieront furtivement _ plus tard _ nostalgie d’humidité _ illusion d’un manque alors qu’il ne manque rien.
Croisée des chemins _ Rêver et se perdre en imaginant le palmier dans la cour _ y a t-il vraiment quelque-chose de réel sur lequel ouvrir un large regard ?
Et puis la douceur de la certitude que rien ne vaut la peine, que tout n’est que lent crépuscule, tout cela se confond avec le fait que nous ne possédons rien.
Tout bascule subitement et avant que le réveil ne prenne totalement le dessus je fais un violent effort _ pourquoi faut-il que je m’en aperçoive sans le désirer ? _ l’effort de me souvenir de cet instant _ me souvenir que l’on peut être heureux alors que l’avenir s’est effacé dans le sommeil _ cadeau maternel consenti sans raison.