Imouzer du Kandar (Histoire 41)
Souvent il fait trop chaud dans ce bas quartier d’Imouzer où le probable, jeté, fait découvrir ce qu’ailleurs on ne découvre pas.
Alors je foule les pavés, salue trois enfants qui se moquent de moi et écrase les marches d’un pas mécanique, avec pour cible un banc, tout là haut à Kalâa Kabira (*) où les vents apportent la fraîcheur des lacs et des forêts du Kandar.
Et c’est cette mécanique des pas, souvent vide de sens, qui me montre aujourd’hui ce que nous sommes parfois _ ce que certains sont _ ce que nous sommes peut-être.
Et la sueur coule pour atteindre ce banc des rêveries.
Pendant la montée je pense à ceux qui s’attribuent une étonnante gloire, être toujours identique à soi-même, avoir des opinions fixes et reconnues.
Pourtant, tout spectateur attentif de lui-même découvre les lois régissant l’association des idées.
Avec la fatigue de l’ascension, la sueur qui coule me rappelle ce qu’est la vie, toujours liquide et changeante, en attendant le suave de la fraîcheur qui me montrera un autre point de vue.
Comme dégoûté de découvrir la fin d’un film à son début, je décide d’en chercher une autre qui aura comme qualité à mes yeux de ne pas devenir une chose matérielle et extérieure, notre pensée n’étant pas un fait immuable et inhumain.
* Kalâa Kabira signifie « grande forteresse »