Voir c’est avoir vu

Entre nous et toutes choses coule un océan qui nous définit et nous sépare.
Henry Miller s’est mis à peindre et a dit que peindre c’était aimer de nouveau.
Tous les bons photographes ont le courage d’écarter la plupart de leurs photos pour ne garder que les plus fortes,
personnellement je garde tout car comment écarter ce que l’on aime ?
Mieux : en n’écartant rien on montre que l’on n’est pas dupe du sujet – ni de son unicité – ni de sa beauté – ni de son intérêt.

Et on vit sur les côtes d’océans fluctuants où les mots ne veulent rien dire.
Là on dit que tout sert dans la vie,
ici on dit que tout est inutile – ce qu’on vit on l’oublie – ce que l’on sera, on l’oubliera tout autant.

Voir comme on a vu – aimer comme on a aimé.
Et ces sujets photographiés ou peints,
comme le souhait que dure ce moment de l’amour…
Qui a la vraie force ou la vraie folie de mettre du sien dans ce désir ?
La simple sensation d’éprouver nous bouleverse et nous contraint – nous éloigne – nous attire, comme la marée.

Aimer comme on aime un coucher de soleil,
une vague qui meure contre un rocher, une sensation ?
Entre nous et toutes choses coule un océan qui nous définit et nous sépare.
Nous ne sommes pas impliqués
et pourtant voir comme avoir vu ne nous suffit pas.

Cap-Ferret jour de tempête

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