Collier de perles

Toutes ces journées que le sommeil entrecoupe, anti chef d’orchestre qui gomme les liens entre ce jour et hier _ pour faire table rase pour demain.
Comme je ne tiens pas de journal, aucun fil ne tient les perles du temps qui passe _ et c’est mieux comme ça.

Il faut le recul des années pour déterminer une teinte, une lubie, une obsession qui apporte aussitôt sa réaction de survie sur une période donnée.
Ainsi pour donner un exemple, les paysages maritimes sont éradiqués pour trop rappeler
– la rencontre perpétuelle avec soi-même lorsqu’il y a des vagues
– la fatuité de toute action lorsqu’il n’y en a pas
– le silence de l’univers.

En haute montagne calcaire, la rencontre avec des fossiles marins montre de façon plus amusante la réalité des temps _ et dans cette réalité, on n’existe pas.
Par contre il faudra toujours redescendre, pour manger et se coucher.

Pour que les jours se suivent il faut un but, un désir dominant donnant une illusion de cohérence à l’ensemble _ je n’en ai pas trouvé.

Le monde est construit sur le plan de la guerre universelle _ quelle importance ?
Avoir pour ambition de ressentir chaque journée suffira, être disponible pour tout ce qui n’est pas contrainte satisfera notre fainéantise, mûrir sans le vouloir animera notre lucidité, renoncer à influencer les autres aidera à vieillir sans aigrir, admettre qu’esquiver la vie permettra de mieux la pratiquer comme un voyage et s’imaginer avec fierté que cette incohérence est choisie comblera notre sens créatif sans faire de peine au hasard.

Lac El Grado (Sobrarbe-Aragon)

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